samedi 11 février 2017

La méditation

Sans méditation, point de connaissance de soi; sans connaissance de soi, point de méditation. Vous ne pouvez pas aller très loin si vous ne commencez pas au plus près, si vous ne comprenez pas le processus quotidien de vos pensées, de vos sentiments, de vos actions. L’esprit ne peut pas concevoir ce qui est éternel – atemporel ; il faut donc qu’il se libère du temps ; le processus temporel de l’esprit doit être dissous. Ce n’est que lorsque l’esprit est totalement libéré d’hier, et n’utilise donc plus le présent comme moyen d’accès au futur, qu’il est capable de recevoir l’éternel…
Je vais examiner pas à pas ce qu'est la méditation. (...) ce qu'il faut tout d'abord, c'est avoir conscience du penseur, Le penseur, c'est l'entité psychologique qui a accumulé une certaine expérience sous forme de savoir; il est ce centre, tributaire du temps, qui est le résultat de l'influence perpétuellement fluctuante de tout ce qui l'environne, et c'est à partir de ce centre qu'il regarde, écoute, vit des expériences. Tant qu'on n'a pas compris la structure et l'anatomie de ce centre, les conflits sont inévitables, et un esprit qui est en proie aux conflits est dans l'incapacité totale de comprendre la méditation dans toute sa profondeur et sa beauté.
Il faut donc que l’esprit examine pourquoi il s’accroche aux choses...Avoir conscience de chaque pensée, savoir quelle en est la source, et quel en est le but – voilà ce qu’est la méditation. Et connaître une seule pensée dans tout son contenu suffit à dévoiler l’ensemble du mécanisme de l’esprit.Si vous trouvez difficile d’être conscient des choses, alors faites l’expérience de noter chaque pensée, chaque sentiment qui naît en vous tout au long de la journée ; notez vos réactions de jalousie, d’envie, de vanité, de sensualité, les intentions cachées derrière les mots, et ainsi de suite...Le fait de noter ce que l’on pense et ressent, ses désirs, ses réactions, fait éclore une conscience intérieure, donne lieu à une coopération entre conscient et inconscient, et tout cela devient à son tour un facteur d’intégration et de compréhension.
Lorsque mon esprit n’est pas empêtré dans les souvenirs, qu’il ne cultive pas la mémoire en tant que centre d’origine des identifications, mais qu’il est conscient de tout ce que je dis, de tout ce que je fais au sein de mes relations, de mes activités, le fait de voir la vérité de toute chose, telle qu’elle apparaît d’instant en instant – c’est évidemment cela, la méditation, n’est ce pas ?
 La création c’est un mot que nous employons si facilement, si à la légère. (Le mot création) ce n’est que la réponse conditionnée d’un esprit vivant au sein d’une société donnée.
 La création dont je parle est tout autre chose. C’est un esprit en état de création. Lorsqu’il l'atteint, l’esprit peut l’exprimer ou non. L’expression n’a guère de valeur. Cet état de création est dénué de cause, donc l’esprit qui est dans cet état est, à chaque instant, en train de mourir et de vivre, en train d’aimer et d’être. Et c’est tout cela, la méditation.
Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie

22 décembre 
Libérer des filets du temps
Sans méditation, point de connaissance de soi; sans connaissance de soi, point de méditation. Vous devez donc d'abord savoir ce que vous êtes. Vous ne pouvez pas aller très loin si vous ne commencez pas au plus près, si vous ne comprenez pas le processus quotidien de vos pensées, de vos sentiments, de vos actions. En d'autres termes, vous devez en comprendre le fonctionnement, et lorsque vous vous regarderez agir, vous constaterez que la pensée part du connu pour aller vers le connu. Vous ne pouvez pas concevoir l'inconnu. (...) L'essentiel, c'est de vous libérer des filets du temps, et non de vous préoccuper de concevoir l'inconnu, parce que cela vous est impossible. Les réponses à vos prières sont de l'ordre du connu. Pour pouvoir recevoir l'inconnu, il faut que l'esprit soit lui-même l'inconnu. Or, l'esprit est le résultat du processus de la pensée, le résultat du temps, et ce processus de pensée doit nécessairement prendre fin. (...) Notre souci principal dans la méditation est donc de nous connaître nous-mêmes, non seulement au niveau superficiel, mais au niveau profond, secret, de l'ensemble de notre conscience. (...) La méditation est donc le commencement de la sagesse, c'est-à-dire la connaissance de son propre cœur et son propre esprit. 

23 décembre 
La méditation 
Je vais examiner pas à pas ce qu'est la méditation. (...) ce qu'il faut tout d'abord, c'est avoir conscience du penseur, et ne pas essayer de résoudre la contradiction et de provoquer une forme d'intégration entre le penseur et la pensée. Le penseur, c'est l'entité psychologique qui a accumulé une certaine expérience sous forme de savoir; il est ce centre, tributaire du temps, qui est le résultat de l'influence perpétuellement fluctuante de tout ce qui l'environne, et c'est à partir de ce centre qu'il regarde, écoute, vit des expériences. Tant qu'on n'a pas compris la structure et l'anatomie de ce centre, les conflits sont inévitables, et un esprit qui est en proie aux conflits est dans l'incapacité totale de comprendre la méditation dans toute sa profondeur et sa beauté. 
Dans la méditation, il ne doit pas y avoir de penseur,  ce qui signifie que la pensée doit cesser d’exister – la pensée qui jaillit sous l'impulsion du désir d'accéder à un résultat. Il ne s'agit pas de respirer d'une certaine façon, de loucher sur votre nez, ou d'activer en vous le pouvoir d'accomplir certaines prouesses spectaculaires, ou toute stupidité puérile du même genre... 
La méditation n'est pas isolée de la vie. Quand vous êtes au volant, ou dans un autobus, quand vous bavardez sans but particulier, quand vous marchez seul dans un bois, ou quand vous regardez un papillon porté par le souffle du vent - prêter à toutes ces choses une attention sans choix fait partie de la méditation. 

24 décembre 
Connaître tout le contenu d'une pensée  
N’être rien est le commencement de la liberté. Donc, si vous êtes capable de percevoir, d’approfondir cela, vous vous apercevrez, à mesure que votre conscience s’affine, que vous n’êtes pas libre, que vous êtes lié à une multitude de choses diverses, et qu’en même temps votre esprit nourrit l’espoir d’être libre. Et vous constaterez que ces deux tendances sont contradictoires. Il faut donc que l’esprit examine pourquoi il s’accroche aux choses. Et c’est une rude tâche. (…) Car l’esprit qui est humble, intelligent s’intéresse à lui-même sans être égocentrique ; il est donc forcement extraordinairement alerte, attentif, et cela suppose un réel travail, (…) cela exige tout un labeur persévérant, car la liberté n’est pas aisée à obtenir. Tout lui fait obstacle : votre femme, votre mari, vos dieux, vos religions, votre tradition. Tout cela vous entrave, mais c’est vous qui en êtes responsable, car vous voulez la sécurité. Et l’esprit qui cherche la sécurité ne la trouvera jamais. La vie n’est pas statique, car toute vie est mouvement. C’est une chose qu’il faut bien saisir, une vérité qu’il faut bien voir, bien ressentir, ce n’est pas un sujet de débat. Alors vous verrez, à mesure que vous commencez à explorer, que cela est réellement un processus de méditation.
Mais ne vous laissez pas hypnotiser par ce mot. Avoir conscience de chaque pensée, savoir quelle en est la source, et quel en est le but – voilà ce qu’est la méditation. Et connaître une seule pensée dans tout son contenu suffit à dévoiler l’ensemble du mécanisme de l’esprit.

25 décembre
Allumer la flamme de la conscience de soi
Si vous trouvez difficile d’être conscient des choses, alors faites l’expérience de noter chaque pensée, chaque sentiment qui naît en vous tout au long de la journée ; notez vos réactions de jalousie, d’envie, de vanité, de sensualité, les intentions cachées derrière les mots, et ainsi de suite. (…) Si vous notez ces choses chaque fois que vous pouvez, et que le soir, avant de dormir, vous relisez les notes de la journée, en étudiant les faits, en les examinant sans jugement ni condamnation, vous commencerez à découvrir les racines cachées de vos désirs, de vos paroles…L’important dans tout cela est d’étudier, à la lumière d’une intelligence libre, tout ce que vous avez noté, et c’est en étudiant ce contenu que vous prendrez conscience de votre propre état. Dans cette flamme de la conscience de soi, de la connaissance de soi, les raisons des conflits se révèlent et se consument. Il faut noter vos pensées et vos sentiments, vos intentions et vos réactions, non seulement une ou deux fois, mais en continu, sur une très longue période, jusqu’à ce que votre prise de conscience devienne instantanée…La méditation est non seulement la conscience de soi permanente, mais aussi l’abandon permanent de l’égo. La méditation naît de la pensée juste, d’où découle à son tour la tranquillité de la sagesse ; et c’est dans cette sérénité qu’est enfin perçue la réalité suprême.

26 décembre 
Le processus de la méditation 
La vérité est-elle une chose absolue, fixe, définitive ? Nous la voudrions absolue parce que nous pourrions alors y trouver refuge. Nous la voudrions permanente parce que alors nous pourrions nous y accrocher, y trouver le bonheur. Mais la vérité est-elle absolue, continue, l’expérience qu’on en fait est-elle destinée à se répéter indéfiniment ? La répétition d’une expérience, ce n’est rien d’autre qu’une réactivation de la mémoire, n’est-il pas vrai ? Dans les moments de calme, il peut m’arriver de faire l’expérience d'une certaine vérité, mais si m’accroche à cette expérience par le biais de la mémoire, et que je la fige sous une forme absolue – est ce encore la vérité ? La vérité consiste-t-elle à perpétuer, à cultiver les souvenirs ? Ou ne la trouve-t-on que lorsque l’esprit est parfaitement tranquille ?   

27 décembre
L’esprit en état de création
La méditation consiste à vider l’esprit de toutes les choses qu’il a lui-même élaborées. Si vous faites cela, vous vous apercevrez qu’il y a dans l’esprit un espace extraordinaire, et cet espace, c’est la liberté, dans votre travail, dans vos relations, dans tout ce que vous faites. Alors, vous découvrirez que la méditation, c’est la création. 
La création c’est un mot que nous employons si facilement, si à la légère. (Le mot création) ce n’est que la réponse conditionnée d’un esprit vivant au sein d’une société donnée. La création dont je parle est tout autre chose. C’est un esprit en état de création. Lorsqu’il l'atteint, l’esprit peut l’exprimer ou non. L’expression n’a guère de valeur. Cet état de création est dénué de cause, donc l’esprit qui est dans cet état est, à chaque instant, en train de mourir et de vivre, en tain d’aimer et d’être. Et c’est tout cela, la méditation.

La méditation est ce processus dont l’action de fond est immédiate, sans effort – cet état de tranquillité. Alors seulement peut-il y avoir un esprit qui transcende le temps, l’expérience et le savoir. Il ne peut y avoir de méditation sans générosité, sans bonté – autrement dit, libérez-vous de tout orgueil, ne grimpez jamais à l’échelle du succès, ne cherchez jamais à connaître la célébrité ; autrement dit : sachez mourir à toute chose, dès qu’elle est accomplie, et ce, à chaque instant de la journée. Ce n’est que dans un tel terreau fertile que peut croître et fleurir cette bonté-là. Et la méditation, c’est la floraison de la bonté.
 Avoir conscience de tout ce processus de l’existence, l’observer, c’est cela, la méditation.
Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie             
28 décembre 
Une action de fond instantanée
L’esprit qui est immobile, n’est à la recherche d’aucune sorte d’expérience. Et s’il ne cherche rien, et qu’il est ainsi parfaitement tranquille, sans aucun mouvement du passé, et qu’il est donc libéré du connu, vous découvrirez alors qu’il est un mouvement de l’inconnu qui est l’ordre de l’immensité. Ce mouvement est atemporel parce qu’il n’est en cette chose-là ni de temps ni d’espace, il n’est rien qui puisse faire l’objet d’une expérience, rien à gagner, rien à atteindre. C’est cet esprit-là qui sait ce qu’est la création (…) cette création qui n’a pas de motif, qui n’a pas d’expression. Cette création est amour et mort.

29 décembre
Trouver le silence
 (…) Cette tranquillité totale de l’esprit, il n’y a pas d’observateur, pas de guetteur, et donc l’expérience n’a plus de sujet ; il n’y a pas d’entité qui engrange l’expérience, ce qui est l’activité de l’esprit égocentrique. Méditer, c’est donc purger l’esprit de son activité égocentrique. Et si vous avez atteint ce stade de la méditation, vous découvrirez qu’il n’y a plus que le silence, le vide total. L’esprit cesse d’être contaminé par la société ; il n’est plus soumis à aucune influence, ni pressé par aucun désir. Il est absolument seul, et parce qu’il est seul et intact, il est innocent. C’est ainsi que devient possible l’avènement de cette chose hors du temps, éternelle. L’ensemble de tout ce processus, c’est la méditation.

30 décembre
La méditation commence avec la générosité
(…) La méditation fleurit dans la bonté, et la méditation commence par la générosité du cœur. Nous avons parlé d’une multitude d’aspects de la vie : l’autorité, l’ambition, la peur, l’avidité, l’envie, la mort, le temps, nous avons abordé quantité de sujets. (…) ce sont toutes ces choses-là qui constituent le fondement essentiel pour tout esprit capable de méditer. Vous ne pouvez pas méditez si vous êtes ambitieux (…) Si votre esprit est tyrannisé par l’autorité, ligoté par la tradition, soumis, moutonnier, vous ne serez jamais ce que c’est que de méditer sur cette beauté extraordinaire…
L’esprit cherche à s’accomplir par l’intermédiaire du temps, et c’est cette quête qui empêche toute générosité. Et il vous faut un esprit généreux – pas seulement un esprit large, un esprit débordant d’espace, mais aussi un cœur qui donne sans même y penser, sans motif, et sans attendre de récompense en retour.

31 décembre
La méditation est essentielle à la vie 
Comprendre tout le problème de l’influence, celle de l’expérience, celle de savoir, celle des motivations intérieurs et extérieurs – découvrir ce qui est vrai et ce qui est faux et voir la vérité dans ce qui est prétendument faux – tout cela suppose une formidable lucidité de vision, une compréhension profonde des choses telles qu’elles sont, ne croyez-vous pas ?
La méditation est essentielle dans la vie, dans notre existence quotidienne, au même titre que la beauté. La perception de la beauté, la sensibilité aux choses, laides ou belles, sont essentielles…
La perception de la beauté comme la compréhension du processus de la méditation, car c’est tout cela, la vie, et c’est aussi le bureau où l’on va chaque jour, les querelles, les malheurs, l’angoisse et le stress perpétuels, les peurs profondes, et l’amour, et la famine. Comprendre dans sa totalité ce processus de l’existence – les influences, les chagrins, les tensions quotidiennes, les attitudes autoritaires, les actes politiques, et ainsi de suite, c’est tout cela, la vie ; et la méditation, c’est le processus qui amène à comprendre tout cela, et à libérer l’esprit. 



Dieu

Que se passe-t-il donc ? Vos Dieux vous divisent, vos croyances en Dieu vous divisent, et pourtant vous parlez de fraternité entre les hommes… Savez-vous ce qu'est la religion?
 La religion, c'est la perception de ce qui est bon et juste, c'est cet amour qui est comme le fleuve, éternellement vivant, éternellement en mouvement. Dans cet état, vous découvrirez qu'il arrive un moment où cesse toute quête, et la fin de cette quête est le commencement de quelque chose de totalement différent. La recherche de Dieu, de la vérité, le sentiment d'être d'une bonté sans limites - qui n'a rien à voir avec une bonté, une humilité cultivées, mais qui est la recherche de quelque chose qui est au-delà des inventions et des supercheries de l’esprit, ce qui signifie que l’on est sensible à cette chose, que l’on vit en elle, que l’on est cette chose - , c’est cela, la vrai religion.… si nous essayons de trouver la vérité, non pas exclusivement à travers une série d'actions, mais dans toutes nos actions, toutes nos idées et toutes nos relations, si nous cherchons la juste mesure même en matière d'alimentation, de vêtements, d’habitat, alors, parce que notre esprit sera devenu capable de clarté et de compréhension, alors, quand nous cherchons la réalité ultime, nous la trouverons.  
Lorsque l'esprit s'écarte complètement de tout savoir qu'il a accumulé, que pour lui il n'y a plus ni Bouddha, ni Christ, ni Maîtres, ni dispensateurs de savoir, ni religion, ni citations; quand l'esprit est complètement seul, exempt de toute contamination, ce qui signifie que le mouvement du connu a cessé - alors seulement deviennent possible une formidable révolution, un changement fondamental .... L'homme religieux, c'est celui qui n'appartient à aucune religion, à aucune nation, à aucune race, qui est à l'intérieur de lui-même, complètement seul, dans un état de non-savoir, et c'est pour lui qu'advient la bénédiction du sacré. 
Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie

15 décembre 
Vos dieux qui vous divisent
Que se passe-t-il actuellement dans le monde ? (...) Vos dieux vous divisent, vos croyances en Dieu vous divisent, et pourtant vous parlez de fraternité entre les hommes, d'unité en Dieu, et en même temps vous reniez cela même que vous voulez trouver, parce que vous vous accrochez à ces croyances comme si elles étaient le moyen le plus puissant d'abolir toute limitation, alors qu'elles ne font que les renforcer. Tout cela est d'une telle évidence. 

16 décembre 
La vraie religion
Savez-vous ce qu'est la religion? Elle n'est pas dans les psalmodies, ni dans l'observance d'un rituel, qu'il soit hindou ou autre, ni dans les temples ou les églises, ni dans la lecture de la Bible ou de la Gîta, (...).La religion, c'est la perception de ce qui est bon et juste, c'est cet amour qui est comme le fleuve, éternellement vivant, éternellement en mouvement. Dans cet état, vous découvrirez qu'il arrive un moment où cesse toute quête, et la fin de cette quête est le commencement de quelque chose de totalement différent. La recherche de Dieu, de la vérité, le sentiment d'être d'une bonté sans limites - qui n'a rien à voir avec une bonté, une humilité cultivées, mais qui est la recherche de quelque chose, qui est au-delà des inventions et des supercheries de l'esprit, ce qui signifie que l'on est sensible à cette chose - , que l'on vit en elle, que l'on est cette chose - , c'est cela, la vrai religion. Mais cela, vous n'en serez capable que lorsque vous quitterez la mare stagnante que vous avez creusée de propres mains, pour plonger dans le fleuve de la vie. Alors, la vie prend soin de vous à un point étonnant, parce que ce n'est plus à vous de le faire. La vie vous porte là où elle veut, car vous en faites partie; alors la sécurité n'est plus un problème, alors peu importe ce qu'on peut bien dire ou ne pas dire - et c'est cela la beauté de la vie. 

17 décembre 
Une merveilleuse échappatoire 
Quel est cet élan qui pousse à chercher Dieu, et cette quête est-elle bien réelle ? (...) Nous devons donc déterminer très clairement si cette quête de Dieu est une forme de fuite, ou si c'est une recherche de la vérité dans tous les domaines - vérité dans nos relations, vérité dans la valeur accordée aux choses, vérité dans les idées. Si nous cherchons Dieu uniquement parce que nous sommes fatigués de ce monde et de ses malheurs, alors c'est une fuite. Alors nous créons Dieu de toutes pièces, et donc ce n'est pas Dieu. (...). Mais si nous essayons de trouver la vérité, non pas exclusivement à travers une série d'actions, mais dans toutes nos actions, toutes nos idées et toutes nos relations, si nous cherchons la juste mesure même en matière d'alimentation, de vêtements, alors, parce que notre esprit sera devenu capable de clarté et de compréhension, alors, quand nous chercherons la réalité ultime, nous la trouverons. Et ce ne sera plus dans ce cas une fuite. Mais si, à l'égard des choses de ce monde(...) notre attitude reste confuse, comment pouvons-nous espérer rencontrer la réalité ? Nous ne pouvons que l'inventer. Ainsi donc, Dieu - la vérité, ou la réalité - ne peut pas être connu par un esprit confus, conditionné. Il doit s'affranchir de ses propres limites, et ce n'est qu'ensuite qu'il pourra savoir ce qu'est Dieu, et évidemment pas avant. La réalité, c'est l'inconnu, et le connu n'est pas le réel. 

18 décembre 
Votre Dieu n'est pas Dieu 
(...) L'esprit est le résultat du passé, le résultat d'hier; pareil esprit peut-il être ouvert à l'inconnu? Il ne peut que projeter une image, mais cette image n'est pas réelle, donc votre Dieu n'est pas Dieu - c'est une image de votre fabrication, un reflet de votre propre satisfaction. La réalité ne peut être que lorsque l'esprit comprend l'ensemble du processus dont il est fait, et cesse d'exister. C'est lorsque l'esprit est complètement vide, et alors seulement, qu'il est capable de recevoir l'inconnu. L'esprit n'est pas assaini tant qu'il ne comprend pas le contenu de toute relation - (...) tant qu'il n'a pas établi de relation juste avec toute chose. Tant qu'il ne comprendra pas dans son intégralité le processus de conflit inhérent à toute relation, l'esprit ne peut pas être libre. Ce n'est que lorsque l'esprit est parfaitement immobile et silencieux, totalement inactif, qu'il ne projette rien, ne cherche rien, et qu'il est absolument silencieux - ce n'est qu'alors une survient cette chose éternelle, cette chose hors du temps. 

 19 décembre 
L'homme religieux 
Quel est l'état de l'esprit qui dit : " je ne sais pas si Dieu existe, si l'amour existe", c'est-à-dire lorsqu'il  n’y a pas réponse de la mémoire? (...) L'esprit qui est capable de dire : "je ne sais pas" est dans l'unique état où il nous soit possible de découvrir quoi que ce soit. (...) Lorsque l'esprit s'écarte complètement de tout savoir qu'il a accumulé, que pour lui il n'y a plus ni Bouddha, ni Christ, ni Maîtres, ni dispensateurs de savoir, ni religion, ni citations; quand l'esprit est complètement seul, exempt de toute contamination, ce qui signifie que le mouvement du connu a cessé - alors seulement deviennent possible une formidable révolution, un changement fondamental ... L'homme religieux, c'est celui qui n'appartient à aucune religion, à aucune nation, à aucune race, qui est à l'intérieur de lui-même, complètement seul, dans un état de non-savoir, et c'est pour lui qu'advient la bénédiction du sacré.

20 décembre 
Je ne sais pas 
Si l'on peut vraiment arriver jusqu'à cet état où l'on dit : "Je ne sais pas», c'est le signe d'un sens de l'humilité extraordinaire : c'en fini de l'arrogance du savoir, des réponses pleines d'assurance destinées à impressionner. Quand vous êtes véritablement capable de dire : "Je ne sais pas" chose que très peu d'entre nous savent faire, alors dans cet état-là cesse toute peur, parce qu'on ne cherche plus à connaître, on ne fouille plus dans sa mémoire, on n'explore plus le champ du connu. Alors advient la chose extraordinaire. 

 21 décembre                                                                                                                             
Au-delà des limitations des croyances  
Il est à mes yeux tout aussi absurdes d'être théiste que d'être athée. Si vous saviez ce qu'est la vérité. Ce qu'est Dieu, vous ne seriez ni théiste ni athée, car dans cette conscience lucide la croyance n'est plus nécessaire. (...) L'intelligence, pour moi, c'est la pleine harmonie du cœur et de l'esprit ; et vous découvrirez alors par vos propres moyens, sans rien demander à personne, ce qu'est la réalité. 






dimanche 22 janvier 2017

La religion

L’homme religieux s’implique totalement, complètement, dans une démarche de compréhension de la société, qui n’est autre que lui-même. Il n’est pas distinct de la société. Susciter en lui-même une complète et totale mutation signifie pour lui la cessation de toute avidité, de toute envie, de toute ambition ; il n’est plus dépendant des conditions alentour, bien qu’il soit le produit de tout ce qui l’environne – de la nourriture qu’il consomme, des livres qu’il lit, des cinémas qu’il fréquente, des dogmes religieux, des croyances, des rituels, et tout ce genre d’affaires – il n’est plus dépendant de cet environnement. (…) Donc, dans sa quête de réalité, c’est ici même qu’il doit commencer, et pas dans un temple, et pas par une image. Sinon, comment pourrait-il rencontrer l’inédit total, un nouvel état ?
L’esprit religieux ne fonctionne pas à partir d’un centre d’autorité, qu’il consiste dans le savoir accumulé sous forme de tradition, ou dans l’expérience...L’esprit religieux, c’est celui qui a pénétré au cœur de l’inconnu, et l’on ne peut qu’y plonger d’un seul bond – toute pénétration prudente et calculée dans l’inconnu est exclue. L’esprit religieux est le véritable esprit révolutionnaire, et l’esprit révolutionnaire n’est pas une réaction par rapport au passé. L’esprit religieux est véritablement explosif, créatif  –  il est en étant de création. 
Si l’on s’adonne à la prière de supplication, elle est récompensée en conséquence ; ce que l’on demande nous est souvent accordé, mais cela ne fait que  renforcer nos demandes...Ne sommes-nous pas le résultat du passé, et ne sommes-nous pas, pour cette raison même, connectés à cet immense réservoir d’avidité et de haine, dans lequel baignent aussi leurs contraires ? 
Des supplications adressées à un autre, à quelque chose d’extérieur, peuvent-elles susciter une compréhension de la vérité ?... L’ultime vérité, c’est une projection de vos propres désirs, c’est ce qui va vous rendre heureux, vous donnera l’assurance d’un état qui échappe à la mort... 
Nulle croyance ne vous sera d’aucun secours, car elle ne fait que corrompre, asservir, obscurcir. L’esprit ne peut être libre que si l’on fait preuve de vigueur, de confiance en soi. ...  Pour rencontrer Dieu, pour trouver la réalité, ce qu’il faut, c’est la vertu. La vertu, c’est la liberté, et ce n’est qu’à travers la liberté que la vérité peut être trouvée... La vie est perpétuel changement, perpétuel devenir, révolution continuelle, et nulle organisation n’étant jamais souple, elle fait obstacle au changement, elle devient réactionnaire pour se protéger. ... (…)  Pour arriver loin, il faut commencer modestement. A partir de ces modestes débuts, il est possible de contribuer à la création d’un monde équilibré et heureux. 
Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie 
8 décembre
C’est ici qu’il faut commencer
L’homme religieux ne cherche pas Dieu. L’homme religion se sent concerné par la transformation de la société, c'est-à-dire lui-même. L’homme religieux n’est celui qui observe d’innombrables rituels, qui se plie aux traditions, qui vit une culture morte, qui explique sempiternellement la Gîtâ ou la Bible, (…) Susciter en lui-même une complète et totale mutation signifie pour lui la cessation complète de toute avidité, de toute envie, de toute ambition ; il n’est plus dépendant des conditions alentour, (…) L’homme religieux est responsable, il doit par conséquent se comprendre lui-même, lui qui est le produit d’une société qu’il a lui-même engendrée. Donc, dans sa quête de réalité, c’est ici même qu’il doit commencer, et pas dans un temple, et pas par une image

9 décembre
L’esprit religieux est explosif
Pouvons-nous découvrir par nous-mêmes ce qu’est l’esprit religieux ? Le scientifique, lorsqu’il est dans son laboratoire, est un scientifique à part entière : il n’est pas influencé par le nationalisme, par ses peurs, par ses vanités, ses ambitions et les contingences locales ; il ne fait rien d’autre en ce lieu que de la recherche. Mais en dehors du laboratoire, c’est un homme comme les autres, avec ses préjugés, ses ambitions, son identité nationale, (…) L’esprit religieux ne fonctionne pas à partir d’un centre d’autorité, qu’il consiste dans le savoir accumulé sous forme de tradition, ou dans l’expérience  - qui n’est autre, en fait, qu’un prolongement de la tradition, du conditionnement. L’esprit religieux ne pense pas en termes de temps, de résultats immédiats,  de réformes immédiates allant dans le sens des schémas de la société…(…) L’esprit religieux, c’est celui qui a pénétré au cœur de l’inconnu, et l’on ne peut qu’y plonger d’un seul bond – toute pénétration prudente et calculée dans l’inconnu est exclue. L’esprit religieux est le véritable esprit révolutionnaire, et l’esprit révolutionnaire n’est pas une réaction par rapport au passé. L’esprit religieux est véritablement explosif, créatif – pas au sens que l’on donne généralement au mot créatif  tel qu’il s’applique à un poème, un décor, la musique – il est en étant de création.

10 décembre
La prière est une affaire complexe
(…) La prière est une affaire complexe à ne pas aborder précipitamment ; il faut l’explorer avec patience, avec précaution et tolérance ; et sans exiger de conclusions définitives. S’il ne se comprend pas lui-même, celui qui prie peut, par sa prière même, se mentir à lui-même. (…) Si l’on s’adonne à la prière de supplication, elle est récompensée en conséquence ; ce que l’on demande nous est souvent accordé, mais cela ne fait que  renforcer nos demandes. (…) Ne sommes-nous pas le résultat du passé, et ne sommes-nous pas, pour cette raison même, connectés à cet immense réservoir d’avidité et de haine, dans lequel baignent aussi leurs contraires ? Bien sûr, lorsque nous lançons un appel de détresse, ou que nous faisons une prière de demande, nous sollicitons ce réservoir où s’est accumulée l’avidité – et le reste. La récompense est en rapport, de même que le prix à payer… Des supplications adressées à un autre, à quelque chose d’extérieur, peuvent-elles susciter une compréhension de la vérité ? 

11 décembre
La réponse à la prière
La prière, qui est une requête, une supplication, ne peut jamais rencontrer cette réalité qui n’est pas le résultat d’une demande. (…) La réponse à la prière n’est autre que notre propre projection ; d‘une manière ou d’une autre, elle est toujours satisfaisante, gratifiante, sinon nous la rejetterions. Donc, aucune prière, requête ou supplication ne pourra jamais découvrir cette chose qui n’est pas une projection de l’esprit. Pour découvrir cette chose qui n’est pas une élaboration de l’esprit, celui-ci doit être silencieux – mais sans que ce silence soit induit par la répétition de mots par lesquels nous nous hypnotisons nous-mêmes, ni par d’autres procédés, quels qu’ils soient, destinés à rendre l’esprit silencieux, tranquille. 

12 décembre
La religion est-elle affaire de croyance ?
(…) L’ultime vérité, c’est une projection de vos propres désirs, c’est ce qui va vous rendre heureux, vous donnera l’assurance d’un état qui échappe à la mort. L’esprit, ainsi empêtré dans tous ses problèmes crée une religion, une religion de dogmes, de mainmise des prêtres, de superstitions et de culte idolâtre – (…) vous savez qu’il est relativement facile d’avoir de la morale – de faire ceci mais pas cela. Parce que c’est facile, vous êtes capable de copier un code moral. Derrière cette moralité se tapit sournoisement l’égo, qui grandit et s’enfle, agressif et dominateur. Mais cela est-il la religion ?
Nous devons trouver ce qu’est la vérité parce que c’est la seule chose qui compte – (…) C’est donc  sans l’appui d’aucune croyance qu’il vous faut trouver ; vous devez avoir assez de vigueur, de confiance en vous, d’initiative, pour arriver à savoir par vos propres moyens ce qu’est la vérité, ce qu’est Dieu.

Nulle croyance ne vous sera d’aucune secours, car elle ne fait que corrompre, asservir, obscurcir.
L’esprit ne peut être libre que si l’on fait preuve de vigueur, de confiance en soi. 

13 décembre
Y-a-t-il une part de vérité dans les religions ?
(…) Pour rencontrer Dieu, pour trouver la réalité, ce qu’il faut, c’est la vertu. La vertu, c’est la liberté, et ce n’est qu’à travers la liberté que la vérité peut être trouvée – et pas lorsqu’on est aux mains d’une religion institutionnelle, avec toutes ses croyances. La vérité est-elle dans les théories, les idéaux, les croyances ? Pourquoi croyez-vous ? (…) Tout au fond de vous, vous avez peur, vous avez besoin d’une protection, d’un appui, c’est pour toutes ces raisons que vous créez l’idéal, qui vous empêche de comprendre ce qui est. L’idéal devient donc un obstacle à l’action.

14 décembre
Débuter modestement pour pouvoir aller loin
Les organisations religieuses finissent par devenir aussi figées que la pensée de ceux qui en sont les membres. La vie est perpétuel changement, perpétuel devenir, révolution continuelle, et nulle organisation n’étant jamais souple, elle fait obstacle au changement, elle devient réactionnaire pour se protéger.
(…) Ne serait-il pas plus sage d’avoir des groupes de vingt ou vingt-cinq personnes informées – sans collecte ou cotisation pour les participants – qui se réuniraient dans un lieu approprié, pour discuter avec mesure des approches de la réalité ?
(…)  Pour arriver loin, il faut commencer modestement. A partir de ces modestes débuts, il est possible de contribuer à la création d’un monde équilibré et heureux.