lundi 29 février 2016

Le bien et le mal

Nous disons qu’il y a le bien et le mal. Qu’il y a la jalousie et l’amour – et nous disons de la jalousie que c’est le mal et de l’amour que c’est le bien. Pourquoi divisons-nous la vie…
Ce problème du bien et du mal, ce problème conflictuel, ne nous quitte jamais car c’est nous qui le créons.
Si, pour être bon, il me faut un motif, cela engendre-t-il le bien ? Ou le bien est-il une chose totalement dénuée de désir d’être bon, qui est toujours fondé sur un motif ?

Si, pour être bon, il me faut un motif, cela engendre-t-il le bien ? Ou le bien est-il une chose totalement dénuée de désir d’être bon, qui est toujours fondé sur un motif ?
De toute évidence, le bien est sans motif, parce que tout motif est fondé sur l’ego : c’est le mouvement égocentrique de l’esprit. Alors, qu’entendons-nous donc par le «  bien » ? Le bien n’est présent que lorsqu’il y a attention totale. Or l’attention est gratuite, sans motif. 

Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie



22 février 
Le conflit des contraires
Je me demande si le mal existe vraiment. (...) pourquoi divisons-nous la vie en deux : une chose qu'on  appelle le bien et une autre le mal? 
(...) Lorsque l'attention est totale, c'est-à-dire quand l'esprit est tout à fait conscient, alerte, vigilant, il n' y a ni bien ni mal - rien qu'un état de veille.
 Le bien, alors, n'est pas une qualité, n'est pas une vertu : c'est un état d'amour. Lorsqu'il y a l'amour, il n'y a ni bien ni mal : il n'y a que l'amour. Quand vous aimez vraiment quelqu'un, vous ne pensez pas au bien ni au mal, votre être tout entier est plein de cet amour. Ce n'est qu'au moment de la rupture de cette attention complète, quand cesse l'amour, que survient le conflit entre ce que je suis et ce que je devrais être. Alors, ce que je suis est le mal et ce que je devrais être est le prétendu bien. 
Observez votre propre esprit et vous verrez que, dès qu'il cesse de penser en termes de devenir, il y a une cessation de l'action, qui n'est pas une stagnation : c'est un état d'attention totale - et c'est cela, le bien.

23 février 
Au-delà de la dualité 
N'êtes-vous conscient de la dualité ? Ses effets, la douleur terrible qu'elle nous inflige? (...) le bien et le mal font partie de nous et sont en même temps indépendants de nous. Lorsque nous pensons ou ressentons les choses avec étroitesse, avec envie, avidité, et haine, nous ne faisons qu'ajouter au mal qui se retourne contre nous et nous déchire. (...) nous suscitons sans cesse cette dualité, dans laquelle sont piégées nos facultés de pensée-perception. Cette faculté du penser-ressentir ne peut dépasser et transcender le bien et son contraire que lorsqu'elle en comprend la cause - qui est le désir poussé à l’extrême.
(.. ) Le mal existe dans le monde, et nous y contribuons, comme nous contribuons au bien. (...) le sage appréhende la cause du bien et du mal, et grâce à cette compréhension, il libère les capacités de pensée-perception de cette dualité.

24 février 
Le mal peut-il être justifié ?
(...) partout dans le monde nous justifions le meurtre en tant que moyen de réaliser une juste cause. (...) un moyen de réaliser de nobles objectifs.
(...) Nous sacrifions le présent sur l'autel de l'avenir - et peu importent les moyens, dės l'instant où notre but déclaré est d'obtenir un résultat prétendument bénéfique pour l'humanité. 
(...) Nous élaborons de splendides édifices idéologiques afin de justifier le mal...
Le mal c'est le mal, et il ne peut apporter rien de bon. La guerre n'est pas la voie vers la paix.

25 février
Le bien est sans motif
Le bien est-il le contraire de ce qui est mauvais, l'opposé du mal ? 
(...) Quand l'esprit cherche à ne pas désirer, la racine  du désir, du besoin, est toujours là. Le bien n'est donc pas l'opposé du mal, c'est un état totalement autre. Et quel est cet état ?
De toute évidence, le bien est sans motif, parce que tout motif est fondé sur l’ego. (...) Le bien n'est présent que lorsqu'il y a attention totale. Or l'attention est gratuite, sans motif. Si je fais attention dans le but d'acquérir quelque chose, l'acquisition, qu'elle soit  bonne ou mauvaise, n'est pas de l'attention - c'est de la distraction. C'est une division. 
Le bien ne peut être que lorsqu'il y a une attention d'une intégralité totale, où il n'est plus aucun effort pour être ou ne pas être.

 26 février 
L'évolution de l'homme 
Bien sûr, le développement physique existe - la petite plante devenant un grand arbre - et aussi le progrès technique, qui voit au fil des siècles l'évolution de la roue jusqu'à l'avion à réaction.
Mais existe-il un progrès, une évolution sur le plan psychologique ?
C'est cela, l'objet de notre discussion - savoir s'il y a une progression, une évolution du "moi", qui est le centre du mal, peut-il jamais devenir noble et bon, grâce à un processus d'évolution, grâce au temps. 
(...) Qu'est ce que ce "je", ce "moi" ? C'est un nom, une forme, un paquet de souvenirs, d'espoirs, de frustrations, de désirs, de souffrances, de joies éphémères. Nous voulons que ce "moi" se perpétue jusqu'à devenir parfait. (...) mais puisque c'est notre pensée qui a conçu cette entité, elle demeure dans le champ du temps, n’est-ce pas? 

27 février 
Un esprit libéré de toute occupation 
(...) L'esprit peut-il se délivrer de toute occupation ? Autrement dit, l'esprit peut-il rester totalement inoccupé, et laisser défiler les souvenir et les pensées, bonnes et mauvaises sans rien choisir ? Qu'une seule pensée - bonne ou mauvaise - occupe l'esprit, et il s'investit instantanément dans le passé ... Si vous écoutez vraiment - pas seulement au niveau des mots mais d'une manière vraiment profonde - alors vous verrez qu'il est une stabilité qui ne relève point de l'esprit, et qui est la libération de tout ce qui touche au passé. 
Le passé ne peut cependant jamais être éliminé. Mais ce passé défile sous notre regard, sans devenir un sujet de préoccupation. L'esprit, plutôt que de choisir, est donc libre d'observer. Quand le choix intervient, dans ce mouvement du fleuve de la mémoire, l'occupation renaît : et dès que l'esprit est occupé, il redevient prisonnier du passé, et incapable de voir cette choses qui est réelle, vrai, neuve, originale, intacte.

28 février 
Penser engendre l'effort 
« Comment puis-je rester libre de toute mauvaise pensée et de toute pensée vagabonde ? » Mais le penseur existe-il isolément de la pensée, isolément du mal, des pensées qui s’égarent ? (…) Le penseur, celui qui tranche, qui juge, le censeur, est-il distinct de tout le reste ? Le je est-il distinct de la pensée (…) ce je qui se prétend distinct du mal essaye sans cesse de me dominer, veut m’éliminer de la scène, cherche à devenir, quelque chose.
C’est nous qui, par le processus même de la pensée, avons crée ce problème de l’effort. (…) Vous engendrez la discipline, la prise de contrôle de la pensée. (…) Vous avez ainsi donné naissance à ce processus même de l’effort, où il y a d’une part le je, et de l’autre la chose que ce je s’efforce de contrôler. Telle est la réalité de notre existence quotidienne.                  







lundi 22 février 2016

L'action

Pourquoi les idées prennent-elles racine dans notre esprit ? Pourquoi les faits – et non les idées – ne prennent –ils pas la place prééminente ?

Serait-ce que nous ne savons pas comprendre les faits, que nous ne sommes pas capables, ou que nous avons peur d’y faire face ? Les idées, les spéculations, les théories sont donc un moyen d’éluder le fait… Mais vous aurez beau fuir, quoi que vous fassiez, les faits sont têtus...
Les idées ne sont pas la vérité : la vérité doit être vécue directement, d'instant en d'instant.
Quand on aime, y a-t-il la moindre idée ? Et nous ne pouvons connaître la voie de l’amour que si nous connaissons la voie de l’idée, et renonçons à l’idée – et c’est cela, agir.

Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie



15 février
L’observation directe
(…) Les idées ne nous font-elles pas gaspiller notre énergie ? Les idées ne rendent–elle pas l’esprit obtus ? (…) Vous effacez d’un seul coup le conflit des contraires si vous vivez avec le fait, et vous libérez ainsi l’énergie de faire face au fait réel. (…) Si j’affronte le fait (…) il n’y a pas de contradiction ; d’opposition ; mon esprit se sent alors entièrement concerné par ce qui est, totalement impliqué dans la compréhension de ce qui est.

16 février
L’action sans l’idée
Ce n’est que lorsque l’esprit se libère des idées que l’expérience est réellement vécue. (…) L’état d’expérience n’existe que lorsqu’on va au-delà de ce paquet d’idées qu’est le « moi », qui est la faculté de penser – car alors l’esprit est complètement silencieux, et l’on peut savoir ce qu’est la vérité.

17 février
Agir sans le processus de la pensée
(…) La pensée est toujours une réaction du conscient ou de l’inconscient. La pensée est un processus de verbalisation, qui est le résultat de la mémoire ; la pensée est donc le processus du temps. Donc, quand l’action est fondée sur ce processus de pensée, elle ne peut qu’être conditionnée, isolée. Une idée finit toujours par s’opposer à une autre, par être dominée par une autre. (…) Nous constatons que l’idée sépare les individus. (…) Lorsque l’action se fonde sur une croyance, une idée, ou un idéal, cette action est inévitablement isolée, fragmentée. Est-il possible d’agir sans qu’intervienne le processus de la pensée, celle-ci étant un processus de temps, de calcul, d’autoprotection, de croyance, de déni, de condamnation, de justification ?

18 février
Les idées limitent-elles l’action ?
(…) L’action dictée par une idée ne peut jamais libérer l’homme. (…) Si l’action est façonnée par une idée, elle ne peut jamais apporter une solution à nos misères, par ce que pour qu’elle puisse être effective, nous devons d’abord connaître l’origine de l’idée qui l’a déterminée.

19 février
L’idéologie fait obstacle à l’action
(…) Nous voulons la paix, mais seulement entant qu’idée, pas entant que réalité effective. Nous ne voulons la paix que verbalement, c'est-à-dire uniquement au niveau de la pensée, niveau que nous qualifions orgueilleusement d’intellectuel. Mais le mot paix, ce n’est pas la paix. La paix ne pourra être que lorsque cessera la confusion dont vous et d’autres êtes les artisans. (…) Nous nous préoccupons de réparer les séquelles des guerres, mais nous en négligeons les causes. Cette recherche n’apportera que des réponses conditionnées par le passé. Ce conditionnement, c’est ce que nous appelons le savoir, l’expérience ; et les nouvelles données mouvantes sont traduites, interprétées en fonction de ce savoir acquis. Il y a donc conflit entre ce qui est et l’expérience passée.

20 février
L’action sans idéation
L’idée est résultat du processus de la pensée, le processus de la pensée est un processus de la mémoire et la mémoire est toujours conditionnée. Elle est toujours dans le passé, mais ne prend vie que lorsqu’un défi la stimule. La mémoire n’a aucune vie en soi ; mais elle en assume dans le présent sous le coup d’un défi. Et toute mémoire qu'elle soit en sommeil ou active, est conditionnée. C’est donc autrement qu’il faut aborder la question, (…) et chercher à percevoir en soi-même, intérieurement, si l’on agit sur la base d’une idée, ou s’il peut exister une action sans idéation.

21 février
Agir sans l’idée : La voie de l’amour 
(…) Le penseur est toujours conditionné et n’est jamais libre ; (…)  Est-il possible d’agir sans l’idée ? Oui, et c’est la voie de l’amour. L’amour n’est pas une idée, ce n’est pas une sensation ; ce n’est pas une souvenir ; ce n’est pas un sentiment de subordination, un système d’autoprotection. Nous ne pouvons appréhender la voie de l’amour que si nous comprenons tout le processus de l’idée.  Est-il donc possible d’abandonner les autres voies et d’apprendre à connaître la voie de l’amour, qui est l’unique rédemption ? (…) Nous ne pouvons connaître la voie de l’amour que si nous connaissons la voie de l’idée, et renonçons à l’idée – et c’est cela, agir.


dimanche 14 février 2016

La croyance


Je n’attaque pas les croyances, je cherche à voir pourquoi nous les acceptons. Et si nous pouvons comprendre nos motifs, les causes de notre acceptation, alors peut-être pourrons- nous  non seulement savoir pourquoi nous les acceptons, mais aussi nous en libérer.
Celui qui aime n’a pas de croyance : il aime. C’est l’homme consumé par l’intellect qui a des croyances, car l’intellect est toujours en quête de sécurité, de protection ; il cherche toujours à éviter le danger.
Existe-t-il une force, une énergie qui n’ait besoin d’aucun soutien extérieur, qui ne dépende pas d’une foi, d’une croyance ?

  Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie

8  février
Comprendre ce qui est
Comprendre ce qui est importe plus que de fabriquer des idéaux, et de s’y soumettre ensuite, parce qu'ils sont faux, alors que ce qui est, est la réalité. (…)
C’est parce que nous ne voulons pas affronter et comprendre ce qui est que nous inventons toutes sortes d’échappatoires. (…) Donc, je dois commencer par voir ce qu’il y a faux dans ma relation aux idées, aux gens, aux choses. Lorsque l’esprit perçoit ce qui est faux, alors advient le vrai, et alors est l’extase, alors est le bonheur.

9 Février
Ce en quoi nous croyons
La croyance est-elle source d’enthousiasme ?
L’enthousiasme peut-il se maintenir sans le soutien d’une croyance ? (…)
Ou est-ce une autre espèce d’énergie qui est nécessaire, une autre forme de vitalité, d’élan ?
Nous sommes passionnés de musique, fous de sport, ravis d’aller pique-niquer. Mais si cet enthousiasme n’est pas sans cesse alimenté d’une quelconque façon, il retombe, puis s’oriente à nouveau vers autre chose.
Existe-t-il une force, une énergie qui n’ait besoin d’aucun soutien extérieur, qui ne dépende pas d’une foi, d’une croyance ? (…) Nous n’avons pas besoin d’un acte de foi pour croire en l’existence du soleil, des montagnes, (…),  ni pour voir la réalité de nos querelles conjugales : c’est un fait. Mais nous revendiquons une croyance lorsque nous voulons fuir les faits pour plonger dans l’irréalité.

10 Février
Ces croyances qui nous agitent
(…) La religion ne consiste pas à éluder les faits : Elle est une compréhension de la réalité de ce que vous êtes dans vos relations au quotidien ; la religion, c’est le discours que vous tenez, la façon dont vous parlez, dont vous vous adressez à  vos serviteurs votre épouse, vos enfants…Un esprit qui est agité par des croyances ne connaîtra jamais la vérité. Mais l’esprit qui comprend les relations qu’il entretient avec les biens, les personnes, les idées, l’esprit qui ne se bat plus contre les problèmes suscités par les relations, et pour qui la solution n’est pas l’échappatoire mais la compréhension de l’amour – cet esprit – là est le seul qui soit apte à appréhender le réel.

11 Février
Au- delà des croyances
(…) Derrière ces croyances, derrière ces dogmes, il y a la peur incessante de l’inconnu - que jamais nous ne regardons en face, mais que nous éludons. Plus fortes sont les croyances plus forts sont les dogmes. (…) Les croyances sont corruptrices car derrière la croyance et le moralisme se dissimule l’esprit, le moi, l’égo qui gagne en ampleur, en puissance et en force. (…) En conséquence ; on ne peut donc jamais être libre. Pourtant c’est seulement dans la liberté que vous pouvez découvrir ce qui est vrai, découvrir ce qu’est Dieu – et non par l’intermédiaire d’une quelconque croyance

12 février
L’écran de la croyance
(…) La croyance n’est qu’une manière de fuir la confusion dans laquelle nous sommes plongés. (…) Elle n’agit que comme un écran qui s’interpose entre nous-mêmes et nos problèmes. La religion qui est la croyance organisée, devient un moyen de fuir ce qui est, de fuir l’évidence de la confusion.

13 février
Un contact toujours neuf avec la vie
Nous voyons tous comment les croyances politiques, religieuses, nationales, et d’autres, séparent les hommes, créent des conflits, un état de confusion et d’inimitié : c’est un fait évident. Et pourtant, nous n’éprouvons aucunement le désir d’y renoncer. Est-il possible de vivre sans croyance ? Peut-on, non pas passer d’une croyance à une autre, mais être entièrement affranchi d’absolument toutes les croyances, de façon à pouvoir aborder la vie, chaque minute, à la façon d’un être neuf ? Car en somme c’est cela la vérité : avoir la capacité d’aborder tout, d’instant en instant, sans être conditionné par  le passé, de sorte que n’existe plus d’effet cumulatif agissant comme une barrière entre soi et ce qui est.

14 Février
Les croyances empêchent la vraie compréhension
Si nous n’avons pas de croyance, que nous arriverait-il ? Ne serions-nous pas très effrayés de ce qui pourrait se produire ? Si nous n’avions pas une ligne de conduite fondée sur une croyance (…) nous nous sentirions complètement perdus, n’est-ce pas ? Et l’acceptation d’une croyance n’est-elle pas une façon de masquer notre peur, cette peur de n’être rien du tout, d’être vide ? Mais après tout, un récipient n’est utilisable que lorsqu’il est vide, et un esprit qui est empli de croyances, de dogmes, d’affirmations, de citations, est en vérité un esprit stérile, une machine à répétition. Échapper à cette peur – à cette peur du vide,  de la solitude, à cette peur de n’arriver nulle part, de n’être rien, de ne rien devenir -, voilà certainement une des raisons qui nous font accepter les croyances avec tant d’avidité et d’enthousiasme, ne croyez-vous pas ? Et par l'acceptation de quelque croyance, pouvons nous nous connaître ? (…) La croyance, agit comme un écran à travers lequel nous regardons. (…) L’esprit n’étant identifié à rien est capable de se voir tel qu’il est – et c’est assurément là que commence la connaissance de soi.



  



samedi 6 février 2016

Le devenir

 Pictures courtesy of Krishnamurti Foundation Trust Ltd

La vie telle que nous la connaissons, est un processus de devenir : je suis pauvre, et mon but est de devenir riche ; je suis laid, et je veux être beau. Ainsi ma vie est un processus de devenir…

ce devenir est douleur, c'est une lutte constante

L’idéal est une projection du moi : Le contraire est une extension de « ce qui est »

Le moi, divise, il enferme ; ses activités, si nobles soient-elles, restent séparées, isolées. Nous savons tout cela. Nous savons aussi combien sont extraordinaires ces moments où le moi est absent, où il n’y a nulle impression de contrainte, d’effort, ce qui est le cas lorsqu’il y a l’amour.
Krishnamurti "Le livre de la méditation et de la vie"

                                                                        

1er  Février
Le devenir, c'est le conflit
La volonté d’être est la volonté de devenir, à des niveaux différents de la conscience, en des états différents où se retrouvent le défi, la réaction, l’acte de nommer et d’enregistrer. Et ce devenir est un effort, ce devenir est douleur, c’est un lutte constante : je suis ceci et veux devenir cela.

2 février  
Tout devenir est désintégration
(…) La projection est voulue par le moi, et le conflit est l’effort pour atteindre cette projection…L’idéal est votre propre projection. Voyez à quel point l’esprit se joue des tours. Vous courez après des mots, après vos propres projections, après votre ombre. (…) .
L’effort pour atteindre une illusion est désintégrateur. (…) Lorsque l’esprit est dépouillé de tout devenir, de tout idéal, de toute comparaison, de toute condamnation, lorsque s’effondre tout l’édifice de l’esprit, ce qui est a été l’objet d’une transformation totale. Tant que l’on donne des noms à ce qui est, il y a relation entre l’esprit et ce qui est ; mais lorsque ce processus de dénomination –  
qui est la mémoire, la structure même de l’esprit - n’est pas, alors ce qui est n’est pas. Ce n’est que dans cette transformation qu’il y a intégration.

3 février  
Un esprit fruste peut-il devenir sensible ?
(…) Si je dis que mon esprit est sensible, l’effort même de devenir sensible est de la  grossièreté. (…) Si je commence à comprendre ce qui est la grossièreté, à en observer les manifestations dans ma vie quotidienne – ma gloutonnerie à table, ma rudesse envers les autres, mon orgueil, mon arrogance, la brutalité de mes habitudes et de mes pensées – alors cette observation même transforme ce qui est.
De même, si je suis stupide et que je décrète que je dois devenir intelligent, mes efforts en se sens ne sont qu’un degré de plus dans la stupidité. J’aurai beau m’évertuer à l’intelligence, ma stupidité demeurera. Je peux éventuellement acquérir un vernis superficiel de connaissance, faire de citations, réciter des textes de grands écrivains, mais fondamentalement je serai toujours aussi stupide. Alors que si je constate et si je comprends la stupidité telle qu’elle s’exprime dans ma vie quotidienne – mon comportement à l’égard de mon serviteur, mon attitude envers mon voisin,  alors cette conscience même provoque la débâcle de la stupidité.

4 février 
L’importance grandissante de l’ego
Les structures hiérarchiques offrent à l’égo une excellente occasion de se développer. (…) Lorsque vous admettez le maître, le sauveur, le gourou, ne transposez-vous pas dans la sphère spirituelle l’attitude même qui a cours dans le monde ? (…) L’amour n’admet aucune division. (…) La séparation entre Dieu ou la réalité et vous-même vient de vous, de l’esprit qui se raccroche au connu, aux certitudes, à la sécurité. (…).  Se qui importe,  c’est de comprendre le conflit sans cesse grandissant du désir ; et cette compréhension ne vient que par la connaissance de soi et une conscience de tous les instants des mouvements du moi.

5 février
Au-delà de toute expérience


Comprendre le moi requiert énormément d’intelligence, de vigilance, de finesse d’observation, une observation qui doit être incessante pour ne point faiblir. Moi, qui suis très motivé, je veux dissoudre le moi...ce qui a pour effet de renforcer le moi.

La création n’est en aucune façon l’expérience du moi .La création a lieu lorsque le moi n’est pas.

(…) Comment le moi peut-il cesser de faire des expériences ?  La création a lieu lorsque le moi n’est pas, car elle n’est pas intellectuelle, ne procède pas de l’esprit, n’est pas une projection de l’ego ; la création est au-delà de toute expérience telle que nous la connaissons. Est-il possible à l’esprit d’être tout à fait silencieux, dans un état où il ne reconnaît pas, et donc ne fait pas d'expérience, dans un état propice à la création – et qui est le moment où l’esprit n’est pas là, où il est absent ?
Tout mouvement de l’esprit, positif ou négatif, est une expérience qui en réalité ne fait que renforcer le « moi ». L’esprit peut-il ne pas reconnaître ? Cela n’est possible que lorsqu’il y a silence absolu – mais pas un silence qui soit une expérience du « moi ».

6 février
Qu’est-ce que le "moi" ?
La soif de pouvoir, de reconnaissance sociale, d’autorité, d’ambition, et ainsi de suite, sont les différentes formes que prend le moi.

Si vous et moi en tant qu’individus (…), pouvons comprendre cet état de choses et influer sur lui, alors, je le crois, une véritable révolution aura lieu.

 (…) Si vous et moi en tant qu’individus, savons aimer, savons mettre toutes ces notions en pratique de façon authentique dans la vie quotidienne, alors la révolution qui est si essentielle verra le jour…

Vous savez ce que j’entends par « le moi » ?
J’entends par là l’idée, la mémoire, la conclusion, l'expérience, les diverses formes d'intentions, nommables et innommables, l’effort conscient d’être ou de ne pas être, les souvenirs stockés dans la mémoire de l’inconscient, les notions de race, de groupe, d'individu, de clan, bref, le moi, c'est ce tout, cet ensemble, qu'il se projette dans le plan extérieur sous forme d'action ou dans le plan spirituel sous forme de vertu ; le moi, c'est l'effort pour atteindre à tout cela...

7  février
Quand l’amour est, le moi n’est pas 
La réalité, la vérité, ne peut être reconnue, Pour que vienne la vérité, il faut que la croyance, l’expérience, la vertu, la quête de la vertu,(…) il faut que tout cela disparaisse. L’individu vertueux qui a conscience de rechercher la vertu ne peut jamais rencontrer l’ultime réalité. Ce peut être un homme bien ; ce qui est tout autre chose que d’être un homme de vérité, celui qui comprend. Pour l’homme de vérité, la vérité a déjà pris forme.