samedi 13 août 2016

La réalité

Si l'on veut partir de la réalité et non de suppositions, il faut être extrêmement attentif, et toute forme de pensée qui n'a pas le réel pour origine est une distraction. C'est en cela qu'il est essentiel de comprendre ce qui se passe réellement en nous et autour de nous.
Le fait est tel qu'il est, et l'esprit a beaucoup de peine à l'admettre. Nous ne cessons de le traduire, de lui attribuer des sens différents, en fonction de nos préjugés, de nos conditionnements, de nos peurs et ainsi de suite.
Le fait est là, il se suffit à lui-même, rien d'autre ne compte ; le fait a alors sa propre énergie qui vous mène dans la bonne direction.
Il n'y a en définitive qu'une certitude : celle de la réalité de la non-permanence. 
Pouvez-vous mesurer l'immesurable? Si vous mesurez l'immesurable est-ce le réel? Nous voulons fuir de connu vers l'inconnu, le quel encore une fois devient le connu, de sorte que nous ne pouvons jamais trouver le réel. 
Vous et le néant ne faites qu'un. Vous pouvez essayer de fuir cela par mille subterfuges, par la violence individuelle ou collective, par l'étude ou les plaisirs, mais que vous dormiez ou soyez éveillés, il est toujours là. Vous ne pouvez entrer en contact avec ce néant et sa peur qu'en prenant conscience, lucidement et sans choix, de tous les subterfuges que vous utilisez pour le fuir. Lorsqu'il y a découverte, la révélation de ce néant qui est vous, alors la peur tombe et disparaît complètement.
Krishnamurti : Le livre de la méditation et de la vie
 
8 août 
Comprendre le fait réel
Ce n'est pas vraiment complexe, bien que cela puisse être difficile. C'est que, voyez-vous, nous ne commençons pas par le fait réel, par ce que nous pensons, faisons ou désirons. Nous commençons par des suppositions, ou des idéaux, qui n'ont rien de réel, et c'est pour cela que nous nous égarons.(...) Il est simple de comprendre le fait réel, mais cela est rendu difficile par nos préférences et nos aversions, par notre condamnation du fait en question, et par les opinions et les jugements que nous portons sur ce fait réel. Se libérer de ces diverses formes d'évaluation, c'est saisir la réalité, comprendre ce qui est.

9 août 
Traduire les faits empêche de les voir
L'esprit qui se forge une opinion sur un fait est un esprit étroit, limité, destructeur ... Vous et moi pouvons traduire le fait chacun à notre manière. Cette interprétation du fait est une malédiction qui nous empêche de le voir tel qu'il est et de pouvoir agir sur lui. 

10 août 
L'impermanence est le seul et unique fait
 (...) Ce qui nous entoure, intérieurement comme extérieurement - nos relations, nos pensées, nos sentiments -, est impermanent et en fluctuation constante. Ayant conscience de cela, l'esprit recherche ardemment la permanence, un état perpétuel de paix, d'amour, de béatitude, une sécurité que ni le temps ni les événements ne peuvent détruire ; c'est pourquoi il crée l'âme, l'atma, et les visions d'un paradis éternel. Mais cette permanence est engendrée par la non-permanence. Il n'y a en définitive qu'une certitude : celle de la réalité de la non-permanence. 

11 août 
La quête insatiable de l'inconnaissable 
Vous voulez que je vous dise ce qu'est la réalité. L'indescriptible peut-il être mis en mots? Pouvez-vous mesurer l'immesurable? Pouvez-vous retenir le vent dans votre poing? Si vous le faites est-ce le vent? (.. ) Dès  que vous traduisez l'inconnaissable en termes de connu, il cesse d'être l'inconnaissable. Et pourtant c'est ce à quoi nous nous évertuons. Nous cherchons inlassablement à "savoir", dans l'espoir que la connaissance prolongera notre durée et nous permettra de capter l'ultime félicité dans une permanence. Nous voulons "savoir", parce que nous ne sommes pas heureux, (...) Nous voulons fuir le connu vers l'inconnu, lequel encore une fois devient le connu, de sorte que nous ne pouvons jamais trouver le réel. 

 12 août 
La souffrance un simple mot ou une réalité ?
La souffrance n'est elle qu'un mot ou une réalité ? Si c'est un fait, le mot, au point où j'en suis, n'a plus de sens ; il n'y a plus en moi que la perception d'une intense douleur. Par rapport à quoi ? Par rapport à une image, à une expérience, à quelque chose que je n'ai pas. Si je l'ai je l'appelle plaisir ; sinon, c'est la douleur. 
La douleur, la. souffrance existe par rapport à quelque chose. Ce "quelque chose" n'est-ce qu'une abstraction habillée de mots, ou est-ce une réalité ? (...) la souffrance est toujours en relation avec une personne, un incident, un sentiment. (...) Est-elle distincte de moi, ne suis-je que l'observateur qui la perçoit, ou est-elle "moi" ?

13 août 
Vous et le néant ne faites qu'un 
Vous n'êtes rien. Vous avez beau avoir un nom, un titre, des biens, un compte en banque, le pouvoir, la célébrité, tous ces écrans protecteurs ne vous empêchent pas de n'être rien. Vous pouvez n'avoir aucune conscience de ce vide, de ce néant, où vous pouvez simplement ne pas vouloir en prendre conscience ; mais, quoi que vous fassiez pour lui échapper, il est là. (...) vous n'êtes pas l'observateur qui le scrute ; sans vous - le sujet pensant, l'observateur -, il n'est pas. Vous et le néant ne faites qu'un ; (...) vous et le néant constituez un unique phénomène, et non deux processus distincts. (...) Lorsqu'il y a découverte, la révélation de ce néant qui est vous - alors la peur - qui n'existe que lorsque le penseur est distinct de ses pensées et essaye ainsi d'établir des relations avec elles - tombe et disparaît complètement.

14 août 
Comment en finir avec la peur ? 
(...) Il faut aborder la vie avec le maximum de rigueur, d'objectivité, de lucidité - pas en fonction de nos sentiments, de nos envies, de ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas. C'est ce qui nous plaît et nous déplaît qui est à l'origine de toute cette souffrance. (...) Puis-je, en tant qu'être humain, mettre fin à la peur, de manière absolue, et non par petits bouts ? (...) Si vous la posiez avec le plus grand sérieux, non pas en voulant qu'on vous dise comment faire pour y mettre fin, mais en cherchant plutôt à en comprendre la nature, les mécanismes, vous verriez alors que, dès que vous avez découvert ce qu'il en est, la peur tombe instantanément, d'elle-même, sans que vous ayez rien à faire. 
Lorsque nous la percevons et que nous entrons en contact direct avec elle, l'observateur est ce qu'il observe. Il n'y a plus de différence entre l'observateur et la chose observée. C'est quand la peur est observée sans l'observateur que naît une action - qui n'est pas celle de l'observateur agissant sur la peur. 



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